Revitaliser l’Europe rurale : le rôle clé des autorités locales intermédiaires

Dans le cadre de la semaine européenne des Régions et des Villes, la Confédération européenne des Pouvoirs locaux intermédiaires (CEPLI) organisait, le 14 octobre dernier, un atelier relatif à la thématique « Rester et prospérer : le rôle des autorités intermédiaires locales dans la libération du potentiel rural ».

Les territoires ruraux européens sont souvent perçus comme des espaces périphériques, vieillissants et faiblement peuplés. Pourtant, derrière cette image se cache un potentiel considérable : celui d’une Europe capable d’innover, de se réinventer et de contribuer activement à la transition écologique et numérique.

Au cœur de cette dynamique, les pouvoirs locaux intermédiaires – Provinces, Départements– jouent un rôle central en reliant les communautés locales aux niveaux supérieurs de gouvernance.

Des territoires à réinventer

Face au dépeuplement rural et à la concentration croissante des activités dans les grandes métropoles, la question du « droit de rester » dans les territoires ruraux devient cruciale. Rester ne doit plus être une contrainte, mais un véritable choix de vie. Pour y parvenir, les pouvoirs locaux intermédiaires disposent d’atouts uniques : leur proximité avec le terrain, leur capacité à coordonner les politiques locales et leur rôle de médiation entre les besoins des citoyens et les programmes nationaux et européens.

En s’appuyant sur des outils tels que les fonds européens de cohésion, ces autorités peuvent impulser des modèles de croissance durable, renforcer les services publics et favoriser la création d’emplois locaux. Leur échelle d’action est idéale pour faire le lien entre les grands objectifs européens et les réalités locales.

Des expériences concrètes à travers l’Europe

Les exemples nationaux illustrent à quel point les Provinces et structures intermédiaires sont essentielles pour la cohésion territoriale :

  • en Moldavie, les Provinces se positionnent comme de véritables acteurs de la transformation territoriale, porteurs d’initiatives de modernisation et de développement rural ;
  • en Espagne, les défis démographiques et la difficulté à maintenir les services publics dans les petites Communes exigent une approche concertée : les Provinces y jouent un rôle crucial pour soutenir les municipalités, garantir la mobilité et promouvoir l’équité entre zones rurales et urbaines ;
  • en Pologne, les autorités locales intermédiaires s’appuient sur le principe de subsidiarité pour développer les infrastructures et l’emploi local, conditions indispensables pour stabiliser la population ;
  • en Italie, la réforme des Provinces, menée au nom de la simplification administrative, a fragilisé les territoires. Onze ans plus tard, un retour en arrière s’opère, reconnaissant le besoin d’un niveau intermédiaire fort pour coordonner les politiques publiques.

Cohésion et compétitivité : un équilibre à préserver

À l’heure où le débat budgétaire européen s’intensifie, une conviction se dégage : la cohésion ne doit pas être sacrifiée au profit exclusif de la compétitivité. Les Provinces représentent le maillon idéal pour articuler ces deux logiques : accompagner les mécanismes de croissance tout en veillant à ce qu’aucun territoire ne soit laissé de côté.
Fournir des infrastructures modernes, des services de qualité et des emplois attractifs reste la meilleure réponse aux déséquilibres démographiques qui frappent les zones rurales.

Transformer les défis en opportunités

Les défis environnementaux peuvent devenir de véritables leviers de développement :
valorisation des déchets, création de coopératives locales, amélioration de l’efficacité énergétique, déploiement de panneaux photovoltaïques ou encore développement de l’économie circulaire.

Ces initiatives, soutenues et coordonnées par les autorités locales intermédiaires, peuvent générer de nouvelles filières économiques, renforcer la résilience des communautés rurales et attirer les jeunes générations.

Vers une nouvelle politique de cohésion rurale

Les obstacles restent nombreux : manque d’emplois de qualité, infrastructures défaillantes, exode des jeunes et financement encore mal adapté aux réalités locales. Pour y répondre, la prochaine politique européenne de cohésion devra investir dans :

  • les compétences numériques,
  • le soutien aux PME rurales,
  • la modernisation de l’agriculture,
  • les transports publics et la mobilité,
  • les services sociaux de proximité.

Relier les villes et les villages par des réseaux de transport efficaces et durables constituera également une priorité afin de garantir une Europe plus équilibrée, inclusive et solidaire

Pour conclure, renforcer le rôle des autorités locales intermédiaires, c’est offrir à l’Europe rurale les moyens de son avenir. Ces territoires ne sont pas condamnés au déclin : ils sont au contraire appelés à devenir les laboratoires vivants de la transition écologique, sociale et numérique.