Qui est Tanguy Stuckens, notre nouveau Président ?

Suite à la démission de Serge Hustache (Président du Collège de la Province de Hainaut) à la Présidence de l’APW, notre Assemblée générale, réunie ce 31 janvier à Namur, a désigné son successeur. Il s’agit de Tanguy Stuckens, Président du Collège de la Province du Brabant wallon.

Un nouveau chapitre s’ouvre donc pour notre Association. Pour l’écrire, notre Président aura à coeur de fédérer les cinq Provinces wallonnes autour d’enjeux communs et d’amener notre positionnement à l’approche des prochaines élections et des débats institutionnels en cours.

Sa formation en sciences politiques et relations internationales l’a mené au Parlement européen et à la Commission européenne. Il a été élu puis désigné Député provincial en 2012 avant de devenir Président du Collège en 2020.

Originaire de Waterloo, Tanguy Stuckens est un homme de dialogue qui prône la confrontation des idées, le travail collectif. Ainsi, il déclarait aux membres de notre AG « Je compte travailler avec l’ensemble des acteurs politiques et administratifs afin d’évoquer, sans tabou, la réalité des Provinces et leur rôle actuel et futur dans le paysage institutionnel belge ».

Les enjeux prioritaires des Provinces, le financement des zones de secours, la supracommunalité… sont autant de questions auxquelles il répond dans ce numéro.

Selon vous, quels sont les enjeux pour les Provinces d’ici les élections de 2024 ?

Depuis plusieurs mois maintenant, les cinq Provinces ont assumé de nouvelles missions et de nouvelles charges financières tout en tentant de maintenir un équilibre budgétaire.

L’exercice atteint largement ses limites si l’on prend en considération l’ensemble des éléments conjoncturels qui sont venus perturber cette législature – à savoir la crise sanitaire, l’inflation et la crise énergétique –, ces derniers ayant lourdement impacté nos politiques publiques.

La reprise du financement des zones de secours dans une optique de supracommunalité concrétise un nouveau défi pour l’Institution provinciale : celui d’un recentrage de nos actions vers ces prérogatives régaliennes.

Elle prouve aussi que nous en étions capables et que les Provinces sont un partenaire fiable. Mais elle objective aussi l’impossibilité d’aller plus loin sans disposer de moyens supplémentaires ou en l’absence de reprise de compétences.

Cet épisode met aussi cruellement en lumière la méconnaissance des actions concrètes et essentielles rendues par les Provinces pour leur territoire et leurs citoyens.

L’enjeu est donc multiple : faire prendre conscience des efforts considérables consentis ces dernières années au profit des Communes et veiller pour l’avenir à une meilleure articulation des compétences en bonne intelligence avec les autres niveaux de pouvoir.

Depuis 2020, les Provinces wallonnes sont chargées, malgré elles, d’une partie du financement des zones de secours. Quel bilan tirez-vous de la mise en œuvre de cette mesure ?

Le bilan que je tire de cette mise en œuvre est d’abord que son organisation par la Région wallonne est réellement chaotique et hasardeuse. On parle ici d’une compétence essentielle, d’une matière de sécurité, de première importance pour la population.

Or, les Provinces et les Communes ont été livrées à elles-mêmes dans cette soi-disant réforme. En tant que mandataires locaux, nous éprouvons de vraies difficultés à envisager le dessin global de cette décision dans la mesure où il s’agit d’un simple transfert financier, où on passe à côté d’une réforme qui aurait pu trouver davantage de sens et de perspectives si elle avait été construite et concertée tout au long de la législature.

La prochaine étape dans l’endossement de cette matière est la plus grande participation provinciale dans les organes de gestion et de contrôle de chacune des zones de secours. Notre pouvoir de décision doit aller de pair avec notre contribution financière. Dans certaines zones de secours, les Provinces sont à peine tolérées, malgré leur participation financière quasi-majoritaire.

Enfin, il convient quand même de rappeler que, depuis notre échelon provincial, malgré les difficultés de mise en œuvre et du financement des zones de secours, c’est une compétence qui, pour nous, a du sens et qui vient consolider notre rôle supracommunal.

La supracommunalité est un concept qui revient régulièrement lorsque l’on évoque l’organisation des pouvoirs locaux. Comment concevez-vous la notion de supracommunalité et quel rôle les Provinces ont-elles à y jouer ?

Les Provinces ont un rôle de premier plan à jouer dans la réflexion autour de la supracommunalité en Wallonie et devront inévitablement renforcer leur travail en ce sens dans les années à venir.

Par leur vision et une expertise « macro » du territoire, elles peuvent travailler avec et pour les Communes sur des matières et enjeux identifiés ensemble.

Il est stérile d’opposer les Provinces aux Communes : elles doivent s’entendre sur les spécificités du territoire et s’accorder sur une feuille de route commune.

La Province est le lien le plus naturel, le plus démocratique et le plus approprié pour exprimer les besoins supracommunaux.

En ce sens, chaque Province doit pouvoir entendre les besoins de son territoire, les coordonner, les organiser et veiller ainsi à ne pas disperser les moyens ni démultiplier les structures.