Ce 25 novembre, le Conseil régional de la Formation organisait une journée de réflexion, de débats et de rencontres intitulée « Concrètement, on fait quoi face aux changements? ».
La matinée était réservée aux Directeurs Généraux et Directeurs des ressources humaines de Start RH et avait pour but de faire le point sur Start RH (bonnes pratiques pour réussir sa prise de fonction).
S’en sont suivies trois tables rondes ouvertes au public :
- Quels sont les enjeux d’une véritable RH au sein des pouvoirs locaux ? avec, pour orateurs, Fernand Flabat (Directeur général de la Ville de Waterloo et Président de la Fédération des Directeurs Généraux de Communes), Maximilien Gueibe (Directeur général de la Commune de Libramont-Chevigny), Florence Franchini (Directrice générale du CPAS de Silly) et Géraldine Santer (Directrice générale du CPAS de Marche-en Famenne) ;
- Quels sont les enjeux des changements numériques sur les RH et quel est l’impact sur les compétences ? avec, pour orateurs, Renaud Degueldre (Directeur général du Bureau économique de la Province de Namur) et Xavier Van Dieren (Fondateur et directeur NOW.be, formateur et expert en pédagogie et Digital) ;
- Quels sont les enjeux en matière de formation, en ce qui concerne l’offre et la demande ? avec, pour orateurs, Stijn Bredo (Responsable formation à l’Union des Villes et Communes de Wallonie), Bruno de Viron (Conseiller à l’association des Provinces wallonnes), Olivier Nyssen (Secrétaire général de la CGSP-admi) et Aurélie De Smet (Coordinatrice SLFP-ALR Wallonie).
Lors de la première table ronde, il a été question de la réforme de la fonction publique locale et de l’autonomie laissée à chaque pouvoir local dans ce cadre.
En effet, tous n’ont pas la chance d’avoir un responsable RH et le Directeur/la Directrice général(e) a déjà beaucoup à faire.
Il a également été souligné la difficulté à recruter et à garder les collaborateurs. Pour pallier ce problème, il a été suggéré la création d’un grade « senior », avec une échelle parallèle.
Des mutualisations/synergies entre Communes ont également été mises en avant car ça peut être une partie de la solution aussi. Par exemple, il y a l’obligation, pour chaque Commune d’avoir un DPO. Il pourrait être intéressant d’en avoir un commun à plusieurs Communes, dans ce cas. Cependant, se pose alors la question de la répartition de la charge entre ces Communes.
Les fonctions spécialisées sont un réel souci en termes de recrutement. Il faut alors parfois former les agents en interne.
Il est alors plus avantageux de recruter un talent à former qu’un diplôme. Les matières spécifiques évoluent et il convient dès lors de miser sur la formation continue. Toutefois, pour les petites entités, envoyer un agent en formation peut s’avérer compliqué : il faut que l’agent veuille se former et il faut pouvoir remplacer cet agent durant ces heures de formation. Pour de petites entités, parfois, le fonctionnement d’un service entier repose sur un seul agent. Celles-ci privilégient d’ailleurs souvent les agents polyvalents, multifonction, avec beaucoup de responsabilités.
L’absentéisme est alors un autre problème. Il a d’ailleurs été suggéré d’établir un cadastre des employés à temps partiel à l’échelle de la Province afin de pouvoir remplacer rapidement et facilement les petites absences.
Aussi, il a été demandé à la Région de se pencher sur la réorientation/réintégration des personnes jugées aptes à reprendre le travail mais pas dans leurs fonctions.
Enfin, les orateurs ont souligné l’importance d’intégrer le monde public et son fonctionnement dans les cursus scolaires.
La deuxième table ronde, sur les enjeux du numérique, a permis d’aborder les avantages et inconvénients, notamment, de l’IA dans les administrations.
Pour la gestion de projets, la rédaction, l’enregistrement de réunions et l’élaboration de rapports… c’est un gain de temps quotidien.
Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès : le combo gagnant est bien l’association de l’homme et de la machine. Si la machine est plus rapide, l’homme jouit d’une certaine expérience et de compétences que l’IA n’a pas.
Pour pouvoir l’utiliser au mieux, il convient, dès à présent, de démystifier l’IA et de s’y familiariser petit à petit car on ne pourra pas y échapper.
L’importance de choisir son logiciel a également été soulignée (Copilot protège les données, contrairement à Chat GPT, par exemple).
Enfin, Xavier Van Dieren a présenté la méthode Adopte : le parcours pour réussir l’intégration de l’intelligence artificielle dans son organisation (Parcours ADOPTE IA : Réussir l’intégration de l’intelligence Artificielle (IA) dans votre organisation – NOW.be).
La troisième et dernière table ronde était intitulée : “Quels sont les enjeux en matière de formation, en ce qui concerne l’offre et la demande ?”.
Les changements touchent le secteur de la formation au personnel des pouvoirs locaux. Les formes alternatives de formation, comme l’e-learning, se sont développées pendant la période de la pandémie de la Covid-19. L’offre de formation a diversifié ses supports et outils pédagogiques.
Si ces nouvelles initiatives répondent à des besoins évidents (moins de déplacements, modularité des apprentissages, aménagement des temps de formation) le retour des formations en présentiel a été largement plébiscité, du moins en partie, pour les atouts qu’elles proposent, notamment en termes d’interactions avec le chargé de cours ou de réseautage entre collègues d’entités différentes.
La question de la réconciliation entre offre et demande de formation a été abordée.
Une réforme de la fonction publique locale a été adoptée sous la précédente législature régionale et modifie l’organisation des carrières et les règles en matière de formation. Celles-ci deviendront de plus en plus modulaires pour s’adapter aux besoins des agents et des pouvoirs locaux.
Les opérateurs de formation développent une démarche de proximité pour identifier les besoins et proposer une offre de plus en plus personnalisée. Les chargés de cours sont des experts métiers qui apportent leur connaissance de la pratique du terrain et peuvent sensibiliser les écoles d’administration sur le type de formations à développer.
Dans un monde en perpétuelle évolution, l’accompagnement des pouvoirs locaux est indispensable et se fera notamment par la détection précoce des besoins en formation et les modalités pédagogiques pour y répondre au mieux.