Le PLANFête est un projet initié par la Province de Luxembourg et mené en partenariat avec les acteurs de terrain en étroite collaboration avec la CLA (Coordination Luxembourg Assuétudes) et le CLPS-Lux (Centre Local de Promotion de la Santé de la province de Luxembourg). Depuis fin 2017, le PLANFête travaille l’axe des assuétudes avec pour objectif de soutenir une consommation responsable dans le cadre festif, par l’information et la sensibilisation aux risques de consommation de produits psychotropes.
Vous pouvez retrouver l’entièreté de cette enquête sur le site de la Province de Luxembourg. En voici les points essentiels et les propositions d’axe de travail pour les professionnels de la santé.
Avant toute chose, il a semblé important, pour les professionnels engagés dans le projet, de recueillir, en priorité, la parole des jeunes. La méthodologie choisie – celle des entretiens individuels semi-directifs – a permis d’approfondir les représentations et l’expérience vécue de chacun dans un climat de confiance, libérateur de la parole des jeunes.
Après des recherches dans la littérature, l’hypothèse centrale posée sous-entend que : « Les jeunes prennent le risque de consommer en contexte festif en vue d’un bénéfice (une attente) et mettent en place des stratégies pour limiter la perte, ici liée à des dangers immédiats ou différés ».
Les résultats mettent en avant plusieurs éléments importants :
- les jeunes sortent en général dans leur environnement familier, proche de leur lieu de vie (maison des jeunes, clubs sportifs, bal de village, carnaval…). Ceci montre l’importance de l’ancrage local dans le choix des lieux festifs des jeunes ;
- l’alcool reste le produit psychotrope le plus consommé chez les jeunes. L’âge de 14 ans apparait comme un moment charnière pour l’augmentation de la consommation. Le cannabis et tout autre psychotrope sont nettement moins cités ;
- les plus jeunes (12-13 ans) expriment l’envie d’activités organisées (jeux, tournois sportifs, etc.) lorsqu’ils font la fête pour que celle-ci soit réussie. Pour les plus âgés, la présence (ou non) d’activités peut jouer un rôle sur leurs consommations. Le recours à l’alcool est alors envisagé pour passer le temps (avec ou non la présence de « jeux à boire ») ;
- en ce qui concerne la consommation des jeunes, l’enquête nous renseigne sur l’existence de « before » (pré-soirées) durant lesquelles la consommation est déjà présente. Plusieurs pistes sont avancées pour expliquer cette pratique : le coût réduit, le choix des boissons, le sentiment de sécurité via un environnement familier ;
- les thématiques de la fête et de la consommation de produits psychotropes sont des sujets peu abordés avec et par les jeunes, que ce soit au sein des sphères familiale et scolaire, avec les professionnels de santé et même entre eux ;
- concernant l’appréhension des risques par les jeunes et la manière dont ils vont gérer ceux-ci lors de moments festifs (avec ou sans consommation), une ambivalence peut être mise en évidence. D’un côté, les jeunes vont faire appel à leurs ressources internes pour gérer les risques. Les compétences psycho-sociales comme l’autocontrôle, le contrôle perçu ou encore le sentiment à arriver à se gérer seul sont bien présentes. D’un autre côté, le groupe apparait comme une ressource pour gérer sa soirée et/ou sa consommation. Des sentiments de solidarité et de bienveillance s’installent entre les jeunes lors de la fête.
Des recommandations destinées aux professionnels de la santé ont été développées en plusieurs axes.
Axe 1 : Des stratégies transversales de Réduction des Risques
La Réduction des Risques est une stratégie de santé publique qu’il convient de privilégier avec le public jeune notamment. Plutôt que d’interdire un comportement à risque, comme, par exemple, la consommation de produits psychotropes, elle vise à informer et responsabiliser la personne des risques auxquels elle s’expose personnellement et auxquels elle expose les autres en adoptant certains comportements.
Axe 2 : L’alcool comme psychotrope prioritaire
L’alcool est le psychotrope le plus consommé par les jeunes et aussi le plus banalisé. Il convient donc de l’aborder en priorité dans des actions de prévention et de Réduction des Risques. Nous encourageons les professionnels de la santé à privilégier cette thématique en développant des actions auprès des jeunes.
Axe 3 : Les vecteurs de communication
Nous allons également réfléchir aux différents canaux de diffusion des messages. Ces derniers seront mieux compris, plus porteurs et suivis d’effets s’ils proviennent d’émetteurs proches des jeunes, présents dans leur quotidien.
Axe 4 : Les messages
Le contenu même des messages est important car il doit être parlant pour les jeunes et adapté à leur réalité. Nous allons réfléchir, en concertation avec les jeunes eux-mêmes, aux contenus des messages à faire passer et à la manière de les faire passer (choix des mots utilisés, graphisme, canaux de diffusion…).
Axe 5 : Le public cible
Même si les parents restent des acteurs essentiels dans la vie des jeunes, la prévention doit être diversifiée. Il est important de mener des actions de prévention à différents niveaux : avec les parents, les professionnels qui gravitent autour du jeune (école, PMS, PSE…), les organisateurs d’évènements, les communes et surtout, avec les jeunes eux-mêmes.
Axe 6 : Les actions
Au niveau des actions à réaliser, il faut agir sur un ensemble de facteurs-clés liés aux capacités des individus telles que les aptitudes personnelles, cognitives et psycho-sociales, ainsi que celles liés aux contextes des moments festifs et de consommation. Ces facteurs ont une influence directe sur le choix des jeunes et sur les problèmes qui les touchent.
Axe 7 : Les lieux d’intervention
Il est nécessaire d’intervenir dans des lieux liés aux consommations comme les maisons de jeunes, les bals, les mouvements de jeunesse, les clubs sportifs, etc. Elle permet de toucher les jeunes dans leur environnement proche.
Contact :
Province de Luxembourg
Observatoire de la Santé
obs.sante@province.luxembourg.be
084/31 05 05