« Place aux Artistes » en Brabant wallon

Faisant suite à la situation sanitaire de notre pays, le Brabant wallon a rapidement mesuré les énormes difficultés auxquelles le secteur culturel était confronté. Il compte, en effet, parmi les plus touchés.

Les interdictions, les annulations ont évidemment mis les artistes et opérateurs en difficultés. Cette crise a aussi pointé les fragilités du secteur.

Le Brabant wallon a voulu se pencher sur ces éléments et donner aux acteurs culturels la capacité de rebondir le plus vite possible. Pour le bien des artistes, des opérateurs, mais aussi pour celui du public. Un artiste a besoin de voir, d’exprimer, de toucher, d’échanger avec son public. De vivre aussi.

Très vite, le Collège a pris un ensemble de mesures destinées à soulager et rassurer les opérateurs et institutions culturelles :

  • liquidation rapide des subventions 2019 dès réception des justificatifs,
  • prise en charge des éventuels frais déjà engagés pour des évènements annulés ou reportés,
  • proposition d’octroi d’une avance de 50 % en cas de demande,
  • maintien des interventions pour les spectacles de la tournée Arts et vie annulés ou reportés.

Cela n’était pas suffisant…

Rappelez-vous le contexte dans lequel nous étions il y a quelques semaines : les mesures prises par le Conseil national de sécurité, aussi nécessaires que contraignantes, ne permettaient pas d’établir des perspectives pour la Culture. Quand ? Quoi ? Comment ? Dans quelles conditions ?

Cependant, à aucun moment, il n’a été interdit de réfléchir, de préparer l’ « après » et de définir un horizon pour la Culture.

Anticiper la réflexion

Déjà en avril, une réflexion sur la relance culturelle a été entamée. Le secteur culturel a cette spécificité de devoir particulièrement anticiper ses actions. Il a aussi la spécificité de pouvoir se remettre en question, de créer, de réinventer l’avenir. Le Brabant wallon a alors imaginé l’opération « Place aux Artistes ».

Dès les premiers signes encourageants de la mi-mai, un appel a été envoyé aux Communes et opérateurs culturels. Le Collège, l’administration, les échevins de la culture et les acteurs du territoire se sont beaucoup entendus, appelés, écrits, concertés, « zoomés ».

Quitte à subir un échec ou une déception, ils ne pouvaient et ne voulaient pas manquer l’opportunité de renouer avec le public dès lors que nous y serions autorisés. Il fallait prendre les devants, entreprendre, couvrir les risques et donner une chance à la Culture de se redéployer.

Tous ont travaillé, pensé, créé, inventé, pris des risques, entourés d’une énergie optimiste et audacieuse de très nombreux acteurs, élus, institutions culturelles, artistes et de ceux qui les entourent. Ici, l’intelligence collective a fait œuvre. Trois semaines plus tard, les 27 Communes de la province et 17 opérateurs culturels avaient été en mesure de répondre à l’appel.

Les règles du CNS ont ouvert la porte au public pour des prestations et représentations artistiques dès le 1er juillet. Et l’Institution provinciale était prête à faire vivre la culture autrement cet été en Brabant wallon.

La Culture autrement

C’est ce sur quoi repose « Place aux Artistes en Brabant wallon ». Faire de la culture autrement sur l’ensemble du Brabant wallon tout en répondant scrupuleusement aux mesures édictées par le Conseil national de sécurité.

L’objectif initial était de programmer des artistes, toutes disciplines artistiques confondues, pour les mois d’été, voire pour la rentrée de septembre. Le projet visait la prestation de plus de 250 artistes dans plus ou moins 50 lieux sur l’ensemble du Brabant wallon (centre-ville, pôles commerciaux, lieux touristiques…). Les lieux devaient être choisis de manière stratégique, proches des centres de villes et villages pour y apporter de l’animation et de la joie de vivre, source d’attractivité pour le public et donc de contribution à la relance du commerce local, des établissements HoReCa et du tourisme local.

Ces animations ne devaient pas créer de rassemblements importants, mais procurer du plaisir en toute sécurité.

Ces chiffres sont aujourd’hui largement dépassés grâce à la réactivité, la créativité et la sensibilité des Communes de s’engager dans cette voie. En l’espace de deux semaines et malgré l’urgence, les incertitudes et les difficultés à anticiper l’avenir, 27 Communes sur 27 ont rentré un dossier avec l’appui de leur centre culturel et/ou syndicat d’initiatives.

Financièrement, la logique annoncée vis-à-vis des Communes était la suivante : l’octroi d’un soutien de minimum de 5.000 € dès lors qu’un dossier « Place aux artistes » est introduit, majoré d’un effet levier. En complément de ce subside, la Province consacre un Euro supplémentaire pour chaque Euro investi par la Commune, et ce pour couvrir trois types de dépenses uniquement :

  • les cachets d’artistes,
  • les métiers techniques qui gravitent autour des artistes (régie, sons, lumières, scènes, tentes…),
  • un pourcentage limité de frais de communication et frais connexes (SABAM).

La décision de ne pas prendre en charge d’autres coûts était assumée car la volonté était bien de concentrer les financements pour ceux qui ont subi et subissent encore la crise que nous connaissons.

A côté des Communes, des opérateurs culturels ont aussi pu proposer directement des projets complémentaires ayant vocation à faire (re)vivre un lieu ou des concepts innovants sur l’ensemble du territoire. Eux aussi ont eu, toutes disciplines confondues, cette capacité de rebondir au regard du contexte : théâtre, musique, danse, expositions, chant, humour, arts circassiens…

Souvent, ces projets sont conçus comme « exportables » et peuvent voyager d’est en ouest à la rencontre des publics. Le soutien provincial a permis aux opérateurs de proposer un certain nombre de représentations auquel viennent s’ajouter, notamment grâce à l’effet levier des Communes, des commandes supplémentaires des centres culturels locaux.

Un budget conséquent

Avec l’ensemble des Communes participantes et dix-sept opérateurs culturels, la Province a investi près de 750.000 € dans la relance culturelle et l’opération Place aux Artistes. Des budgets importants jamais consacrés à une opération culturelle pour permettre aux artistes et opérateurs de se relever, de faire vivre la Culture autrement malgré les contraintes.

On risque cependant de passer à côté de l’essentiel si on réduit l’opération à un simple projet de soutien aux artistes. Il ne s’agit pas seulement de soutenir « un » secteur particulier, en l’occurrence le secteur culturel.

En effet, au fur et à mesure des échanges avec les différents acteurs, l’administration a pu aussi percevoir un nouvel enjeu tiré des opportunités qui accompagnent une crise : l’opportunité d’occuper un nouveau terrain et de conquérir un nouveau public. Place aux Artistes en Brabant wallon est aussi un terrain d’expérimentation. Une nouvelle façon de faire vivre la culture.

Grâce aux différents projets, le monde culturel montre sa capacité à rebondir, finalement bien plus que tout autre secteur, mais aussi sa capacité à réinvestir l’espace public. C’est d’ailleurs un autre des éléments clés de cette opération : parvenir à redonner confiance dans l’espace public. La culture est le meilleur atout pour redonner de la confiance, du plaisir et une perspective au citoyen.

Place aux Artistes, c’est soutenir la place vitale de la Culture au cœur de notre société. Il s’agit de replacer ce qui a terriblement manqué ces derniers mois : l’expression, la créativité, le talent, les émotions, le réel et le lien entre individus dans l’espace public. La période particulièrement sombre que nous venons de traverser nous a rappelé le besoin essentiel de Culture.

Non, la Culture n’est pas qu’un « secteur », elle définit notre société. Elle est ce qui nous fait vibrer, elle est ce qui nous fait progresser… Place aux Artistes !