Le « tracing » consiste à tracer les personnes ayant été en contact avec un cas confirmé de Covid-19. Au sein des écoles où se trouvent de nombreux clusters, cette importante mission de suivi des contacts incombe au service santé lié à l’établissement. En province de Luxembourg, elle a notamment été confiée aux centres de santé pour l’enseignement subventionné. Comme dans d’autres provinces, les services de promotion de la santé à l’école ont aidé, et aident encore, les écoles à gérer la crise du Covid-19 en milieu scolaire.
La seconde vague qui a déferlé cet automne a pour caractéristique de toucher aussi les tranches de population les moins âgées. De nombreuses écoles ont été concernées, avec des quarantaines et des fermetures de classes à la clé, décidées notamment suite aux résultats du tracing. Dans les 8 centres de santé provinciaux PSE (Promotion Santé École) de la Province de Luxembourg, médecins, infirmiers et secrétaires ont œuvré sans relâche, ou si peu, pour prendre les décisions qui s’imposent.
Fermeture sanitaire ou organisationnelle
Quand une école, maternelle ou primaire, est fermée pour mesure sanitaire, c’est consécutif à la décision d’un médecin scolaire, en concertation avec des médecins de l’association de médecins généralistes de la province qui se sont impliqués dès le début dans la crise Covid.
Comme l’explique un médecin d’un centre de santé provincial : « Quand il s’agit d’une « fermeture sanitaire », il n’ y pas de garderie organisée par l’école. Par contre, si c’est le Pouvoir Organisateur qui prend la décision, on parle de « fermeture organisationnelle », décidée souvent parce qu’il n’y a plus assez d’enseignants et/ou de personnel encadrant. Dans ce dernier cas, nous sommes prévenus… ou pas. Attention, dans le cas de la « fermeture organisationnelle », il y a une obligation d’organiser une garderie. En primaire, la fermeture est effective dès que nous comptons deux cas (un enseignant et un élève ou deux élèves de la même classe) et que la transmission a eu lieu au sein de la classe. En secondaire, les enfants de plus de 12 ans sont considérés comme des adultes. Nous devons, dès lors, effectuer un traçage et rechercher tous les contacts étroits. Aujourd’hui (NDR : interview réalisée fin octobre), les protocoles recommandent des quarantaines de 10 jours par rapport au dernier contact ».
Un contact étroit, c’est quoi ?
La définition officielle d’un contact étroit ? « Etre à moins d’un mètre 50 pendant plus de 15 minutes sans masque », précise le médecin. « Nous constatons que dans l’enseignement secondaire, les contaminations ont souvent lieu dans trois cas : le temps de midi, quand les élèves mangent ensemble ; lors des cours de gym, qui se donnent généralement à l’intérieur et sans masques ; avant et après l’école, notamment à l’arrêt de bus. C’est principalement là que les élèves ont des contacts étroits avec leurs camarades ».
Tracing et travail d’équipe
Réaliser un tracing correct prend du temps. L’élève considéré comme « contact étroit » et « à haut risque » est prévenu par téléphone et écarté pendant 10 jours alors que les autres élèves de sa classe reçoivent un courrier précisant qu’ils sont « à faible risque » et énumérant les mesures de surveillance à prendre pendant 14 jours.
«Généralement, nous essayons de joindre les parents par téléphone pour leur signifier que leur enfant est à haut risque. Nous faisons un travail d’équipe qui nécessite une bonne coordination. Le médecin seul ne peut rien faire, il a besoin de ses collègues pour l’aider dans la gestion de situations critiques, où une quantité importante d’appels simultanés doivent être correctement pris en charge et des certificats de quarantaine doivent être rédigés. Il est nécessaire d’expliquer aux membres de notre petite équipe les nouvelles consignes pour toujours être en phase avec l’actualité. Je travaille avec des infirmières qui ne ménagent pas leur peine. De fait, l’enseignement secondaire nous prend beaucoup de temps. Le week-end, il y a un centre de garde pour toute la province. Or, chaque centre connait bien ses écoles et leur historique, mais bien moins les autres. Donc, quand nous sommes de garde le week-end, c’est non-stop pour le moment. Il y a bien des écoles qui essayent de faire leur propre tracing. Certaines y parviennent mieux que d’autres. Expliquer la situation et ses conséquences aux parents et aux écoles, cela prend énormément de temps, même si cela s’avère nécessaire sur le long terme ».
Elles témoignent :
Sarah, infirmière au Centre de Santé de Neufchâteau : « Nous nous sentons utiles »
Infirmière PSE (Promotion de la Santé à l’Ecole) depuis 2006, Sarah a débuté au Centre de Santé de Virton avant de rejoindre l’équipe de Neufchâteau. Son quotidien dans le contexte actuel ? La gestion des cas Covid dans les écoles, notamment par les contacts avec les directions dès qu’il y a un cas positif chez les élèves, les membres du personnel…
« Cela s’est accéléré très clairement la deuxième quinzaine d’octobre. Les élèves de secondaire de retour à l’enseignement à distance depuis la fin du mois et les vacances de Toussaint approchant, nous devrions aller vers du meilleur. Par la suite, tout va dépendre des nouvelles mesures et d’un éventuel re-confinement. Les Directions d’école ont été informées que ce sont les Centres de Santé provinciaux qui gèrent le tracing pour les écoles sous tutelle. Elles nous préviennent dès qu’ils ont un cas positif dans leurs murs. J’analyse la situation – date du test, date du début des symptômes description des symptômes, date du dernier jour de présence à l’école… Nous retraçons tous les contacts étroits comme les repas pris ensemble, les discussions sans masque, etc. Sur base des noms reçus, je prends alors contact par téléphone avec les parents, je leur explique la situation, les caractéristiques de la quarantaine… Globalement, ça se passe très bien. Les gens sont coopérants. Tout se fait naturellement. Personne ne semble fâché. Je constate que les gens font les efforts nécessaires pour s’organiser quand je leur demande d’aller, par exemple, rechercher leur enfant à l’école. Parfois, nous prenons aussi contact avec le médecin traitant afin de lui demander des informations complémentaires. Nous travaillons en équipe (secrétaires, infirmiers et médecins), nous sommes tous des maillons d’une chaîne. Sans oublier nos auxiliaires professionnel(le)s qui s’occupent de l’entretien des locaux et de leur désinfection. Cette pandémie nous occupe à 100 %, et même un peu plus. Nos missions habituelles nous manquent : les bilans de santé individuels, les vaccinations, les projets en promotion de la santé avec les animations sur le terrain, les contacts réels avec les enfants, les jeunes… Mais nous nous sentons utiles même si ce n’est pas notre première mission, nous devons nous adapter sans cesse aux nouvelles mesures, faire preuve disponibilité et de flexibilité… ».
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Katty, secrétaire aux Centres de Santé d’Arlon et Neufchâteau : « Nous aidons parents et écoles, répondons à leurs questions et tentons de les rassurer »
« En tant que PSE, nous suivons les règles et mesures de l’ONE et de l’AViQ, ainsi que SCIENSANO, pour les maladies transmissibles. Depuis le mois de mars, c’est le Covid qui nous occupe. Notre but, c’est d’aider les écoles et les parents, de répondre à toutes leurs questions et de les rassurer. En temps réel, notre objectif principal est de limiter la propagation de ce virus en milieux scolaires. En tant que secrétaire, je gère et dispatche les appels, je prends note, je dresse un bilan de la situation et ensuite je transfère aux infirmiers et aux médecins. Nous gardons l’espoir que nous pourrons reprendre nos tâches habituelles : visites médicales, visites d’établissements, maladies transmissibles, la prophylaxie et la promotion de la santé. A ce moment-là, c’est que la crise du Covid sera derrière nous ».