Le 22 janvier 2020 débutait le « Crucke Tour » – nom donné par la presse au cycle de rencontres avec les élus locaux entrepris par le Ministre wallon du Budget et des Infrastructures sportives, Jean-Luc Crucke. Objectif : mettre en place, avec l’appui des Provinces, un nouveau système de subventions de ces installations. Plus efficace. Plus juste. Plus en phase avec les réalités et besoins du terrain. Avec une vision à plus ou moins long terme. Treize mois plus tard, le Forum des Communes namurois entérinait la liste des projets à prioriser. Une liste transmise au Ministre à qui il revient en fin de compte de trancher.
Après une première étape au palais provincial de Namur, le Ministre régional des Infrastructures sportives a donc pris son bâton de pèlerin en vue de présenter son projet de réforme du mécanisme de financement aux élus des différentes Provinces. Une tournée qui s’est étalée dans le temps, avec pour conséquence que les informations soumises aux uns avaient parfois été affinées ou réorientées par rapport à celles reçues par les autres. La base n’en était pas moins la même : une volonté de revoir les choses, de voir les dossiers relatifs aux futures infrastructures sportives wallonnes davantage empreints de supracommunalité… et, pour ce faire, d’amener les Provinces – par l’entremise de leur Député-Président – à entrer dans la danse.
Le rôle de la Province ? Celui d’un facilitateur et d’un coordinateur. Il lui revient de conseiller les Communes pour le montage de leurs dossiers et de présenter à la Région ce qui lui paraît, objectivement, le plus pertinent à soutenir.
Pour la Province de Namur, il ne fait aucun doute que, pour bien peser les pour et contre des projets sur lesquels elle allait devoir se pencher, pour cerner au plus près quelles installations serviraient au mieux les intérêts du citoyen, il était indispensable de mettre d’abord les choses à plat et, par conséquent, d’avoir une cartographie up-to-date des infrastructures existantes. Voir ce dont on dispose dans l’instant pour prévoir ce qui pourrait être plus tard, dans dix ans. Cette première phase s’accompagnerait nécessairement de deux autres : une rencontre avec les autorités communales du territoire – porteuses de projet et/ou, en tout cas, au fait d’idées en voie de développement, même hors de nos « frontières » – et l’élaboration d’une grille d’évaluation destinées à coter équitablement les dossiers, avec des critères de sélection les plus objectifs possible tenant compte du terrain (un terrain que la Province connaît bien). Le tout étant amené à être débattu au sein d’un espace de dialogue. Et là, le Forum des Communes s’imposait comme une évidence.
Voir ce qui existe pour combler les manques
Place donc à l’examen de l’existant. Il apparaîtra très vite que « Cadasports » – la « base de données » qui intègre les sites sportifs en Wallonie – n’est plus très en phase avec la réalité. Entre les structures qui ont disparu du circuit, celles qui ont été modifiées – agrandies ou amputées – et celles encore qui ont fait leur apparition, il y a eu des changements dans le paysage sportif namurois. Changements qu’il convient donc d’identifier et de recenser.
Le fruit de ce travail fait l’objet d’un premier Forum des Communes, le 25 septembre 2020. Les membres de l’assemblée découvrent un instantané de la situation en province de Namur – l’ensemble a été cartographié (et les Communes se voient offrir la possibilité d’ajouter des informations à la base de données ainsi remise à jour). On y apprend sans grande surprise que, en la matière, c’est l’arrondissement de Namur qui se taille la part du lion – mais c’est aussi le plus peuplé des trois arrondissements namurois – avec 55 % des infrastructures existantes. Que ce sont les salles de sport et les terrains de foot qui sont les plus nombreux (sauf dans l’arrondissement de Dinant, où l’ordre est inversé, mais avec un différentiel infime), juste devant les terrains de tennis et les terrains de sport extérieur.
Un regard proche du terrain
L’annonce est également faite que 143 dossiers – émanant de 26 Communes sur les 38 que compte le territoire provincial – ont été rentrés pour un montant total de près de 72 millions d’euros. De multiples projets d’aménagement et de rénovation de terrains de football, des parcours Vita le long du Ravel, des rénovations de piscine, des aménagements de plaine de jeux… Et quelques dossiers plus conséquents. Bien sûr, il est impensable que toutes les demandes soient satisfaites. Des choix doivent être opérés. Et il revient à la Province d’émettre un avis d’opportunité sur les dossiers (avis rendu avec l’assentiment des Communes, cela s’entend) de manière à offrir un autre angle de vue au Ministre et à l’aider dans sa prise de décision.
La grille propose toute une série de critères, à commencer – c’est évident – par le caractère supracommunal du projet. Cette dimension, chère à la Province, fait écho chez les autorités wallonnes et s’avère d’autant plus indispensable à la base que les budgets impartis ne peuvent satisfaire les envies des 262 Communes de Wallonie. En matière d’infrastructures sportives également, d’une certaine manière, l’union fait la force… Et les besoins des uns peuvent tout aussi bien rencontrer ceux des autres, proches ou moins proches. Le caractère rayonnant, structurant des projets est un deuxième point qui entre en ligne de compte. Viennent s’y ajouter des critères de rationalisation, mais encore de nature du projet : s’agit-il de rénovation ou de création, combien de sports sont concernés, l’accès aux PMR a-t-il été envisagé, est-il – quelque part – inédit, est-il susceptible d’accueillir plusieurs types de public et combien de personnes peuvent-elles potentiellement être touchées… ? À la suite du Forum des Communes et à la demande de ses membres, il sera décidé que doit aussi être pris en compte l’aspect écoresponsable, durable des dossiers sur la table.
En tête de classement
Les 143 projets ont donc été passés au crible et un top 10 – un top 11 en fait, dû à un 10 ex aequo – en est ressorti… Classement présenté lors d’une nouvelle séance du forum des communes, le 26 février.
Sur l’ensemble, seuls deux dossiers revêtaient un caractère supracommunal et c’est logiquement qu’on les retrouve en tête de liste. Ohey et Gesves voudraient doter leur territoire de terrains de tennis couverts, tandis que Fernelmont, Éghezée et La Bruyère ont décidé de s’associer dans la construction d’une piscine. Une piscine, c’est également le souhait de Philippeville. Beauraing aimerait, quant à elle, voir la sienne rénovée et celle d’Havelange doit impérativement être mise en conformité – l’extérieur du site sportif extérieur au centre de la Commune doit d’ailleurs aussi faire l’objet d’un réaménagement. À Gembloux, c’est un centre aquatique – avec piscine, bassin d’apprentissage, espaces ludique et de bien-être – qu’on voudrait voir sortir de terre pour 2024, en plus d’une piste d’athlétisme. Il est encore question de construire un hall sportif qui viendrait utilement compléter les installations des clubs de tennis et de rugby de Godinne (Yvoir), ainsi que de procéder à l’extension du hall des sports de Ciney et du site de l’Andenne Arena.
Voilà les projets que la Province de Namur et le Forum des Communes ont décidé de faire remonter au Ministre comme étant leurs priorités pour les dix années à venir. La balle est à présent dans son camp. Côté Province, on se fait fort – avec l’appui des élus locaux – de maintenir à jour le cadastre des infrastructures sportives implantées sur le territoire. Et d’étudier, avec elles toujours, ce qui peut encore être mis en place à plus long terme.